dimanche 13 juin 2010

Le dernier Modiano "L'horizon".

"Mieux qu’un volume de la Pléiade, mieux qu’une place au chaud au Panthéon, mieux que sa table réservée au Flore, il est consacré par le néologisme qu’il a suscité:”modianesque”. (Assouline) 


L'écrivain Patrick Modiano vient d'obtenir le prix Del Duca pour son dernier roman "L'Horizon", (Gallimard) dont le critique Jean Roulet a dit, dans son émission (Canal Académie):"

"Au fil de ses romans, Patrick Modiano arpente inlassablement un décor décoloré par le recul des années. Vieilles rues parfois changées de noms, magasins frappés de disparition, arrière-salles de cafés aujourd’hui condamnées, entrepôts où ne s’entrepose plus guère que de l’ombre. Chaque détail de ce décor urbain s’offre à superposer le présent à ce passé dont Modiano demeure la mémoire attentive. (...)
En plaçant la poésie au cœur de la ville, Patrick Modiano se situe dans le sillage des surréalistes. (...). Même recherche d’une poétique urbaine. (...) L’Horizon, avec cette « matière sombre » et ces « couloirs de temps ». Une façon de dépasser la difficulté de dire, d’aborder un monde « compliqué » tel que Modiano le perçoit. « L’incertitude du présent » interfère avec le flou de la mémoire et nous plonge dans un climat dont il semble avoir inventé la couleur : « La grisaille et la monotonie de ces jours de pluie où l’on se demande s’il fait vraiment jour et si l’on ne traverse pas un monde intermédiaire, une sorte d’éclipse morne, qui se prolonge jusqu’à la fin de l’après-midi. » Et comment rester insensible (...) à l’évocation de ce « lointain Auteuil, quartier charmant de mes grandes tristesses. »

 

Pour notre part, nous avons gardé   l'impression  d'un roman inachevé, de personnages qui restent des silhouettes indécises aux contours vagues, les longs descriptifs et la litanie d'une énumération de rues de Paris ou Montreux qui finissent par lasser, ou les invraisemblances de certaines situations (un marginal, fou dangereux à Annecy, devenu sans logique ni la moindre explication, un riche patron de l'immobilier à Paris, une héroïne sans passé, bretonne née à Berlin, dont on ignore l'histoire, un narrateur fantôme, sans consistance, poursuivi par une mère haineuse sans qu'on en sache la raison: crépusculaire est bien  le mot qui convient, mais les questions que se pose le lecteur attentif restent sans réponse.Trop de zones d'ombre, trop de flou finissent par évoquer le procédé et l'ennui.