mercredi 19 janvier 2011

Vent cyclonique sur l'édition à Tahiti.



Après le plagiat de PPDA qui défraie la chronique littéraire parisienne, un nouveau "Vent cyclonique" s'abat sur l'archipel de l'édition tahitienne, comme l'annonce le journal "Tahiti Presse" du 18 janvier repris par les Nouvelles Calédoniennes du 21 janvier. Un collectif d'universitaires et chercheurs éminents de l'UPF et de Paris (Université, CNRS, etc), dénonce dans une lettre ouverte, les larges "emprunts" à un livre paru en 1993, du célèbre écrivain Umberto Eco (Seuil), commis par un auteur qui est aussi une responsable universitaire, dans un livre paru en 2000 chez l' éditeur "Vent des îles" de Tahiti.


Une affaire à suivre, il est vrai que le "copillage" a été et est encore pratiqué par certains auteurs connus du Landernau calédonien, qui n'a rien à envier en ce domaine peu glorieux, à Paris ni à Tahiti.
Quelques "affaires judiciaires"* ont quelquefois sanctionné ces violations délictueuses du droit d'auteur qui, outre le fait qu'elles relèvent du pénal, révèlent non seulement l'incivilité de leurs "auteurs", mais surtout, un manque patent d'inspiration, ce qui est grave pour un écrivain.
Alors un petit conseil à tous les auteurs: faites appel à vos propres ressources (ou à votre imagination) plutôt que d'aller "copier" sur le livre du voisin.


* Le célèbre procès en plagiat gagné avant la guerre par l'écrivain calédonien Georges Baudoux contre Alin Laubreaux est resté dans les mémoires, mais d'autres "affaires" beaucoup plus récentes, ont pour protagonistes en NC des écrivains contemporains.

En d'autres lieux, la romancière (parisienne) Calixte Beyala avait été jugée pour contrefaçon, après avoir été la lauréate acclamée d'un grand prix littéraire à Paris et elle n'est pas la seule ainsi que des extraits d'un article du journal Le Figaro du 20/9/2007 en témoignent:

" Marc Levy Et si c'était faux ?
Les cas : deux ans avant la parution de ce qui allait lancer la carrière de Marc Levy, Et si c'était vrai... (Robert Laffont, 2000), Hélène Kyriacou avait expédié un manuscrit (non publié) au même éditeur, avec le même titre et un thème un peu similaire. Elle avait pris soin de le déposer à la Société des gens de lettres. Elle a attaqué Marc Levy et Robert Laffont pour « détournement de manuscrit ». Toujours pour Et si c'était vrai..., un autre auteur, Tatiana Garmach-Roffé, reconnaît des similitudes avec l'un de ses textes expédiés en 1994 chez Robert Laffont et attaque en justice. Elle s'appuie sur des ressemblances : un thème voisin (parler à une personne inconsciente ou dans le coma), des similitudes d'expression, des personnages qui s'adressent à des objets...
Les jugements : sur le premier cas, les juges ont estimé que le titre n'avait rien d'orignal (il avait déjà été utilisé en 1934). Sur le deuxième, malgré « des séquences semblables et une « chute de la scène finale identique », le tribunal de grande instance (septembre 2003) et la cour d'appel (mars 2005) ont rejeté la plainte pour contrefaçon. On le sait, les succès appellent les procès en plagiat.

Alain Minc Pillage méthodique
Le cas : en comparant le livre d'Alain Minc, Spinoza, un roman juif (Gallimard, 1999) et celui du professeur de philosophie Patrick Rödel, Spinoza, le masque de la sagesse, biographie imaginaire (Éditions Climats, 1997), on recense trente-six « emprunts » du premier au second. On remarque, surtout, qu'Alain Minc a repris des détails sortis de l'imagination de Rödel (notamment une lettre contenant une recette de la confiture de roses rouges, devenue célèbre) en croyant qu'il s'agissait de faits historiques reconnus.
Le jugement : le 28 novembre 2001, il a été condamné à payer 15 250 euros de dommages et intérêts par le tribunal de grande instance de Paris. Le plagié a parlé de « pillage méthodique ».

Calixthe Beyala Multirécidiviste
Le cas : une quarantaine de passages, pas moins : dans Le Petit Prince de Belleville (Albin Michel, 1992), Calixthe Beyala s'est beaucoup inspirée de Howard Buten et de son roman Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué (Seuil, en 1981). Plus tard, on a appris que Beyala avait également repris des passages de La Vie devant soi (Mercure de France), de Romain Gary, Goncourt 1975, et d'autres provenant deFantasia chez les ploucs, de Charles Williams. Deux autres de ses récits ont été suspectés « d'emprunts » puisés chez Ben Okri et Paule Constant.
Le jugement : en mai 1996, le tribunal de grande instance de Paris a jugé qu'il y avait « contrefaçon partielle ». Reconnaissant ses torts, la plagiaire n'avait pas fait appel."